Retraite hâtive: oui ça se peut… mais avec des efforts
Le rêve de Liberté 55 semble de plus en plus inaccessible pour bien des Québécois. Mais en y consacrant beaucoup d’efforts, certains réussissent malgré tout à devancer leur retraite de quelques années.
Guy et sa conjointe, des lecteurs du Journal, ont décidé de dire adieu au boulot à 54 et 55 ans. Leur secret? Une vie plus simple, quelques sacrifices et un budget bien équilibré. Ainsi, le couple a choisi de vendre sa voiture et sa maison, et a coupé ou réduit plusieurs dépenses. Pour se gâter, ils vont au restaurant et voyagent régulièrement. Malgré les pénalités, ils ont réclamé leur rente de la RRQ à 60 ans et vivent aujourd’hui pleinement leur liberté. «Une grosse rente, c’est surtout bon pour les héritiers», nous confie Guy, qui préfère profiter de la vie pendant qu’il le peut.
Vous aimeriez pouvoir en faire autant? Voici quelques conseils de Sylvain De Champlain, planificateur financier et président de De Champlain Groupe financier.
Économiser davantage
Le planificateur mentionne que le temps constitue un réel enjeu pour ceux qui souhaiteraient prendre leur retraite plus tôt. «C’est déjà un défi de financer une retraite de 25 ou 30 ans, alors imaginez si elle dure 40 ans!», s’exclame-t-il.
L’épargne à accumuler dépend bien sûr des objectifs et du niveau de vie visés, mais selon la règle du pouce, pour une retraite d’une trentaine d’années, on évalue qu’il faudrait économiser 10% de ses revenus bruts annuels durant ses 30 à 35 ans de vie active.
«Une retraite hâtive avec un train de vie raisonnable nécessiterait donc d’épargner 15 à 20% de ses revenus bruts», précise Sylvain De Champlain. Cela requiert par conséquent un important effort financier, une grande discipline budgétaire, mais aussi quelques sacrifices. Car non seulement il faudra mettre davantage d’argent de côté, mais on aura également moins de temps pour le faire.
Autre élément essentiel: être capable de se projeter dans l’avenir et sur une assez longue période pour bien évaluer combien on aura besoin pour vivre, mais surtout, si l’on sera en mesure de réunir le montant nécessaire compte tenu de ses revenus.
Souhaiter de bons rendements et une faible inflation
Le planificateur financier remarque que pour prendre sa retraite plus tôt, il faut aussi pouvoir compter sur des rendements de placements relativement robustes. Mais qui dit meilleurs rendements, dit aussi davantage de risque. «Puisque l’on ne peut pas prédire comment la bourse va se comporter, on recommande d’investir en respectant son profil de tolérance au risque», conseille-t-il. Autrement dit, on ne se lance pas dans des investissements très risqués si on n’a pas les reins et les nerfs assez solides.
Il faut aussi souhaiter que l’inflation demeure à un niveau acceptable. Ces dernières années, on a vu que les personnes retraitées ont particulièrement souffert de la hausse rapide du coût de la vie. «Or, s’il est possible de prévoir la moyenne de l’inflation sur une période de 20 à 30 ans, il est très difficile de se risquer sur 40 à 50 ans», prévient-il, ce qui constitue un écueil supplémentaire. C’est pourquoi il est préférable de se baser sur des hypothèses très conservatrices pour bâtir son scénario de retraite, et ce afin d’éviter les mauvaises surprises.
Laisser moins d’argent sur la table
Sylvain De Champlain ajoute qu’il faut également considérer l’aspect fiscal et bien planifier le décaissement de ses avoirs le moment venu, afin de laisser le moins d’argent possible au fisc. «Durant la vie active, on doit également maximiser les avantages fiscaux auxquels on a accès grâce au REER, CELI ou CELIAPP», souligne-t-il.
Réinvestir les remboursements d’impôts obtenus grâce à un REER ou au CELIAPP permet du même coup de faire fructifier ses avoirs encore davantage.
Conseils
L’épargne systématique avec des virements de fonds automatiques vers un outil d’épargne ou de placement permet d’instaurer une discipline et d’économiser sans (trop) y penser.
Il n’y a pas que l’aspect financier de la retraite à considérer, mais aussi le volet psychologique. Une retraite hâtive n’est pas faite pour tout le monde! Demandez-vous ce que signifie pour vous le fait de quitter la vie active et rappelez-vous que les personnes très investies dans leur travail ont tendance à se sentir inutiles lorsqu’elles ne sont plus sur le marché de l’emploi.
Prendre sa retraite ne signifie pas pour autant cesser toute implication professionnelle. Un emploi à temps partiel ou saisonnier dans un domaine qui vous passionne peut combler le besoin de se sentir utile tout en donnant un petit coup de pouce financier. Un revenu d’appoint de 10 000 à 15 000$ représente un placement de 300 000$ avec un rendement de 5%. Cela peut valoir la peine de travailler quelques heures par semaine si l’on n’a pas réussi à réunir le capital nécessaire.
