La hausse des taux redonne de l’attrait aux contrats de rente
Les contrats de rente font partie des produits et des titres financiers dont l’attrait est redoré par la hausse des taux d’intérêt. Il en va ainsi de la rente viagère, qui retrouve du panache avec, dans la mire, un petit clin d’oeil à la rente assurée.
Parution : 6 octobre 2023, Le Devoir, Gérard Bérubé
Photo : Adobe Stock
D’entrée de jeu, Sylvain De Champlain parle d’une longue traversée du désert. De 10, 15 voire 20 années de longue disette dans l’univers des rentes, aux prises avec la faiblesse des taux d’intérêt. « Lorsque vous transformez votre capital en un revenu de retraite à des taux de 2 ou 3 % pour le reste de votre vie… » Le président de De Champlain Groupe financier regarde les taux sur un certificat de placement garanti pouvant atteindre aujourd’hui les 5,25 % pour entrevoir des stratégies de rente redynamisées présentement, et ce, davantage dans une perspective d’un éventuel mouvement baissier du loyer de l’argent au rythme du retour de l’inflation vers la cible de la Banque du Canada. « Elles réapparaissent sur le radar des retraités, notamment ceux qui ont un profil plus prudent et un penchant pour la sécurité du revenu. »
« Elles réapparaissent sur le radar des retraités, notamment ceux qui ont un profil plus prudent et un penchant pour la sécurité du revenu. »
Sylvain De Champlain, président de De Champlain Groupe financier
Cet univers est composé de plusieurs modes de décaissement. On pense notamment aux rentes viagères, qui prennent fin au décès, aux rentes certaines, dont le versement est fait aux héritiers si jamais leur titulaire décède avant la date prédéterminée, aux rentes réversibles, versées au rentier sa vie durant, puis à son conjoint jusqu’à son décès, ou encore aux rentes prescrites, impliquant une mise en provenance de fonds non enregistrés. Entre la rente viagère et la rente certaine s’insère toute une panoplie d’options et de modalités. On peut penser à une rente viagère garantie, ou encore assortie d’une indexation en fonction du coût de la vie, d’une réduction des versements de rente au décès du conjoint ou au début du versement de la pension de sécurité de la vieillesse, et ainsi de suite.
Il existe plusieurs variantes ou jeux de combinaison, mais il est utile de rappeler toutefois que plus il y a de garanties, plus les versements de la rente vont baisser.
Rente assurée
Parmi cette flopée d’options, le planificateur financier et assureur vie agréé de De Champlain fait aussi ressortir la rente assurée. Ramenée à sa plus simple expression, elle prend la forme d’une rente viagère prescrite jumelée à une assurance vie permanente. La combinaison de ces deux produits propose à la fois un revenu garanti — à vie ou pour une période prédéterminée, selon le choix — et la préservation du capital.
La rente assurée fait toutefois appel à des fonds non enregistrés, perdant son avantage fiscal par rapport à des sommes qui proviendraient de placements enregistrés. Elle offre l’avantage d’avoir une ponction fiscale nivelée durant votre retraite si elle est souscrite à partir d’un compte non enregistré. Elle permet de recevoir un revenu avantageux sur le plan de l’impôt puisque seule une fraction du revenu de la rente, soit la partie du revenu en intérêts, est imposable. « De cette façon, vous obtenez un revenu après impôt plus élevé que si vous investissiez votre argent dans un placement entièrement imposable, comme un certificat de placement garanti », explique Sylvain De Champlain dans son blogue.
Traitement fiscal privilégié et ponction fiscale nivelée sont plutôt recherchés par les rentiers. Résumé simplement, dans le cas d’une rente prescrite, les versements sont composés du capital et des intérêts, et ces derniers sont imposables selon un montant nivelé réparti sur la durée du contrat de rente. Dans le cas d’une rente non prescrite, les intérêts sont imposables à mesure qu’ils s’accumulent. En conséquence, l’impôt sera plus élevé dans les premières années, pour diminuer au fil du temps, lit-on sur le site de la Banque Royale.
Évidemment, il est recommandé de ne pas miser uniquement sur la rente assurée pour garantir une belle retraite. Le vieil adage « ne pas mettre tous ses oeufs sans le même panier » s’applique, car le désavantage d’une rente vient du fait que le titulaire ne peut en modifier les versements une fois le contrat signé. Et si l’option d’indexation n’est pas retenue, ils subissent l’érosion de l’inflation. « Ça apporte une protection contre la volatilité des cours, une tranquillité d’esprit, un revenu prévisible et régulier, mais peu de flexibilité, résume Sylvain De Champlain. Nous, nous préférons une ventilation d’un tiers du portefeuille pour la rente, et de deux tiers pour un portefeuille traditionnel. »
« Ça apporte une protection contre la volatilité des cours, une tranquillité d’esprit, un revenu prévisible et régulier, mais peu de flexibilité. Nous, nous préférons une ventilation d’un tiers du portefeuille pour la rente, et de deux tiers pour un portefeuille traditionnel. »
Sylvain De Champlain, président de De Champlain Groupe financier
Quant au volet assurabilité, « chaque cas est unique et l’assurabilité des rentiers va déterminer la faisabilité et la pertinence de mettre en place une rente assurée. Il est donc important de souscrire la police d’assurance avant de souscrire la rente », poursuit le blogue du groupe financier. Par contre, si l’état de santé du rentier est plus fragile, le fait de contracter la rente viagère et l’assurance vie auprès du même assureur peut faciliter les choses. On peut comprendre pourquoi advenant un décès prématuré. Il faut aussi retenir que la prime d’assurance vie va augmenter plus le retraité avance en âge, la strate idéale étant de 65 à 70 ans.
En résumant le tout, la rente assurée peut convenir au retraité qui recherche l’imposition prescrite et qui veut être protégé par une rente viagère et préserver le capital pour son ou ses héritiers.